lundi 1 février 2016

Le plaisir d'apprendre et celui de transmettre

Philippe Meirieu, dans son livre "Frankenstein pédagogue"[i] nous fait une relecture de plusieurs romans qui ont marqué les esprits. Tout d'abord, le célèbre roman de Mary Shelley. Le voyage que nous effectuons nous entraîne dans la dérive d'une absence de (re)père (pédagogique) conduisant Frankenstein, la créature en devenir,  à des actes violents le laissant toujours plus seul. 
Dans la pièce de théâtre "Pygmalion", de Bernard Shaw, le professeur dans sa toute puissance dominatrice échoue : sa pédagogie autoritaire finit par détruire le personnage qu'il a créé. Quant à Pinocchio, après une vie de patachon à n'en faire qu'à sa tête, il ne doit son salut qu'à lui-même, lorsque, enfin, il décide de se prendre en main.
Trois histoires d'erreurs d'aiguillage qui font des ravages. Des situations qui donnent matière à réflexion sur le plaisir d'apprendre et la transmission des savoirs.  A propos du plaisir, l'auteur rappelle que "seul le sujet peut décider d'apprendre", et qu'il faut "reconnaître une bonne fois pour toute que nul ne peut rien décider d'apprendre à la place de quiconque".   
Quant à la transmission, elle n'est que "illusion magique ". Gare au pédagogue qui ne diversifie pas son enseignement en fonction de ses apprenants, en les accompagnant et en suivant leur progrès dans la manière dont ils reçoivent les informations, ce que cela provoque en eux, les connexions qu'ils établissent avec ce qu'ils savent déjà, la façon dont cela les amène à repenser leurs propres conceptions.   
Car "la transmission des savoirs et des connaissances ne s'effectue jamais de manière mécanique et ne peut se concevoir sous forme d'une duplication à l'identique... Elle suppose une reconstruction par le sujet de ces savoirs et connaissances qu'il doit inscrire dans son projet et dont il doit percevoir en quoi ils contribuent à son développement".  Réunir les conditions qui permettent à l'apprenant de "se faire oeuvre de lui-même". Enseigner sans fabriquer.





[i] Edition ESF, 1996.

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