Philippe
Meirieu, dans son livre "Frankenstein pédagogue"[i] nous
fait une relecture de plusieurs romans qui ont marqué les esprits. Tout
d'abord, le célèbre roman de Mary Shelley. Le voyage que nous effectuons nous
entraîne dans la dérive d'une absence de (re)père (pédagogique) conduisant
Frankenstein, la créature en devenir, à des actes violents le laissant
toujours plus seul.
Dans la pièce
de théâtre "Pygmalion", de Bernard Shaw, le professeur dans sa toute
puissance dominatrice échoue : sa pédagogie autoritaire finit par détruire le
personnage qu'il a créé. Quant à Pinocchio, après une vie de patachon à n'en
faire qu'à sa tête, il ne doit son salut qu'à lui-même, lorsque, enfin, il
décide de se prendre en main.
Trois histoires
d'erreurs d'aiguillage qui font des ravages. Des situations qui donnent matière
à réflexion sur le plaisir d'apprendre et la transmission des savoirs. A
propos du plaisir, l'auteur rappelle que "seul le sujet peut décider
d'apprendre", et qu'il faut "reconnaître une bonne fois pour toute
que nul ne peut rien décider d'apprendre à la place de quiconque".
Quant à
la transmission, elle n'est que "illusion magique ". Gare au
pédagogue qui ne diversifie pas son enseignement en fonction de ses apprenants, en les accompagnant et en suivant leur
progrès dans la manière dont ils reçoivent les informations, ce que cela
provoque en eux, les connexions qu'ils établissent avec ce qu'ils savent déjà,
la façon dont cela les amène à repenser leurs propres
conceptions.
Car "la
transmission des savoirs et des connaissances ne s'effectue jamais de manière
mécanique et ne peut se concevoir sous forme d'une
duplication à l'identique... Elle suppose une reconstruction par le sujet de
ces savoirs et connaissances qu'il doit inscrire dans son projet et dont il
doit percevoir en quoi ils contribuent à son développement". Réunir
les conditions qui permettent à l'apprenant de "se faire oeuvre de
lui-même". Enseigner sans fabriquer.
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